L’art de prendre soin du corps

Chantal, xavière a été aumônier d'hôpital de 2009 à 2019 ; elle a choisi de devenir aide-soignante, en 2020. Son approche de la personne est globale : corps, âme et esprit. Le toucher, la présence, telle une visitation, guident ses soins par le geste.

Je travaille comme aide-soignante dans une unité de soins palliatifs. J’aime définir ce travail comme l’art d’aider à prendre soin des corps : celui de la personne malade avec qui je vais réaliser les gestes de la vie quotidienne ; celui de ma collègue et du mien afin de prévenir les inévitables troubles musculo-squelettiques inhérents à ce métier. En soins palliatifs, nous avons du temps pour prendre soin de toutes les composantes de la personne dans une
« approche globale » : ce n’est pas uniquement un soin technique que nous avons à réaliser, c’est avant tout une personne que nous rencontrons, avec son histoire, ses habitudes de vie…
 

Harmonie

Le corps conserve en mémoire tout ce qui a été vécu. Ce corps que je vais découvrir n’est pas qu’une enveloppe physique mais aussi l’être profond de la personne. Ce sera donc en fonction d’elle que je vais pouvoir adapter et réaliser le soin… Ce soin sera différent chaque jour : je vais connaitre les habitudes, les goûts du patient et ce dernier va reconnaître qu’il est respecté dans son intégrité et osera laisser faire davantage le soignant, notamment lorsque ces gestes quotidiens deviendront pour lui plus difficiles à réaliser. Il y a donc un temps d’apprivoisement mutuel, par le regard, la parole, le geste et la façon d’être. J’aime cette expression d’« alliance thérapeutique » qui permet au soin d’être réalisé dans les meilleures conditions. Je ne fais pas à la place mais je fais avec le patient même lorsqu’il n’est plus en mesure de faire lui-même. Il est là présent et c’est « son » soin. Parfois, nous faisons les toilettes en musique, le soin devient comme une danse : ma main glisse sur le bras du patient et nos mains se retrouvent dans un geste qui dit une harmonie créée par la rencontre. D’autre fois, le soin se fait davantage « effleu-rage » … la paume de ma main sur la peau du patient fait circuler la vie qui est là, alors que celui-ci s’endort.
 

Intimité

Dans le prendre soin du corps, rien n’est anodin. En touchant le corps physique, nous rencontrons l’autre au plus intime. Nous sommes parfois témoins du jaillissement d’une parole : le patient nous raconte alors une part de son histoire, parfois enfouie dans sa mémoire. F ruit d’une présence qui a permis une forme de « visitation » conduisant à une paix intérieure : le regard est paisible, le corps est soulagé, l’être physique s’abandonne et peut alors accueillir ce qui sera donné de vivre.

Chantal, xavière